Père du désert
Bienheureux Charles de Foucauld : à ma génération de cathos, tout le monde a en tête au moins ce nom, ce sourire émacié en noir et blanc, cette trajectoire augustinienne de débauché saint-cyrien changé en ermite, et, brochant le tout, cette chanson, "Père, mon père, je m'abandonne à toi", reprise jusqu'à plus soif.
J'ai été frappée à l'instant d'apprendre qu'il était né en 1858, alors qu'il est entouré d'une telle aura de modernité.
Il est une rock-star : sa première biographie, en 1921, fut d'emblée un best seller à 200 000 exemplaires. Dans les années 30, au détour de ses Carnets, ce gros païen de Montherlant le citait déjà comme un personnage public. La guerre d'Algérie n'a qu'un temps interrompu son procès en béatification, qui aboutit enfin en 2005; et aujourd'hui, alors que l'érémitisme fait peur, que l'ascétisme gêne, que son colonialisme, même éclairé et pacifique, est aux antipodes de l'opinion française, Charles de Foucauld a l'étonnante capacité de fédérer tous les bords catholiques des tradi-mili aux chachas, popularité dont la floraison de petits Foucauld témoigne. Je ne suis pas en reste, je trouve que sa vie se lit comme un roman russe, ses prières sont à tomber, et ses lettres sont confondantes d'actualité, sur l'islam par exemple. Même l'artice wikipédia qui lui est consacré arrive à être passionnant. Essayez.